Loin de tout, sans électricité, sans eau courante. Un vieux véhicule récréatif transformé en studio. C’est dans ces conditions que Christophe Lamarche-Ledoux et Ariane M. constatent que la musique qui émerge entre eux ne correspond à rien qu’ils n’auraient pu imaginer. Lesser Evil émerge, se comporte avec fureur. Celle d'une vérité qui aspire à s'affranchir des ténèbres.
Lesser Evil, c'est la magie d'une rencontre créative qui, en toute logique, aurait dû se produire il y a bien longtemps. Fou de même: les fenêtres des chambres d'enfance de Christophe et d'Ariane donnaient carrément l'une sur l'autre au tournant des années 80 et 90. Alors mythologisons allègrement, ne nous privons surtout pas de ce doux plaisir, et posons la question ésotérique qui nous brûle les lèvres: et si Lesser Evil existait, d'une certaine manière, depuis toujours et que ses membres ne s'en étaient rendus compte que tout récemment?
Pas d'électricité. Pas d'eau courante. Pas de wifi. Christophe habitait à ce moment-là dans un véhicule récréatif stationné au fond d'un bois de Lanaudière (classique Christophe). Un véhicule récréatif transformé en studio, parce que tous les espaces où le musicien habite finissent par se transformer en studio.
Ariane en était, elle, à tenter d'élaborer la meilleure stratégie pour tromper ses habitudes et s'arracher à la gangue des idées que l'on met au monde de cette manière-là, parce qu'on a toujours procédé ainsi. Il fallait désencombrer son imaginaire de tout ce que la ville et les années y avaient accumulé. Elle avait souvent écrit ses chansons avec en tête l'objectif d'un album avec un a majuscule (la pression, man). Il était plus que temps de réapprendre à créer sans se soucier de ce que demain en penserait.
L'étonnement ne pourrait être plus apaisant que lorsque la paire constate que la musique qui émerge entre eux, au milieu de la roulotte/studio, ne correspond à aucune de leurs précédentes incarnations musicales. Écoutez-les, ces chansons nouvelles, se comporter avec la fureur d'une vérité qui aspirerait à s'affranchir des ténèbres, et qui refuserait désormais toute chaîne.
Les ténèbres? Oui, bien sûr, Ariane y connaissait déjà quelque chose. Refuser toute chaîne? Oui, bien sûr, tel avait toujours été le modus vivendi de Christophe. Et pourtant, ces chansons nouvelles ont quelque chose d'inédit, quelque chose qui n'appartient ni strictement à elle, ni strictement à lui. Quelque chose d'éblouissant. D'éblouissant de candeur dans leur refus des faux-semblants, dans leur ensorcelante témérité, dans leur courage à affronter ces souvenirs qui hantent la partie ombrageuse de notre mémoire (mais qu'il faut savoir chasser).
Écoutez-les tout de suite ces chansons qui ne demandent pas qu'on les trouve belles, ne s'excusent pas d'exister, respirent sans entrave. Écoutez-les: elles sont aussi opiniâtres, aussi irrésistibles qu'une fièvre. Elles sont aussi douloureusement, aussi lumineusement tortueuses que les chemins qu'il faut parfois emprunter pour revenir jusqu'à soi.
[...] le duo propose ici quatre chansons captivantes, toutes menées par un désir d’expérimentation poussé et visiblement étoffé. Dans un genre difficile à établir, quelque part entre electronica et synth-pop psychédélique, Lesser Evil tisse un décor hypnotique et enveloppant, qui rappelle certains des meilleurs moments du chef-d’oeuvre Third de Portishead.
Olivier Boisvert-Magnen, Voir[...] dark, mysterious, and smoky, pulling from surf, psych, ’60s orchestral pop (Lee Hazlewood, Scott Walker), jazz, and other sounds you could imagine David Lynch smoking to. Singer Ariane M has the perfect voice for this kind of stuff that sounds vintage and modern simultaneously. Lesser Evil are reminiscent of a lot of artists — Broadcast, Portishead, Roisin Murphy to name three — without ever actually sounding like them. No small feat.
Brooklyn Vegan